De nouvelles directives visent à mieux informer les Canadiens afin qu’ils puissent faire leurs propres choix en matière de santé

Vous avez probablement entendu dire qu’un verre par jour, en particulier un verre de vin rouge, peut avoir des effets bénéfiques sur la santé, comme la réduction des risques de crises cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux.

Cependant, les dernières recherches suggèrent que les bienfaits pour la santé associés à la consommation d’alcool sont probablement inexistants et que même de faibles niveaux de consommation augmentent le risque d’accidents, de blessures, de certains cancers et d’autres maladies.

C’est le message qui apparaît dans la mise à jour des Repères canadiens sur l’alcool et la santé, introduits en janvier 2023. Ils suggèrent que plus de deux verres par semaine exposent les Canadiens à un risque élevé.

Je n’ai pas participé directement à l’élaboration de ces directives, mais j’ai participé à l’élaboration des nouvelles directives nationales à l’intention des personnes aux prises avec une consommation excessive d’alcool et j’ai décrit les pratiques exemplaires pour le traitement de la consommation d’alcool à risque élevé et des troubles liés à l’usage d’alcool (TUA) qui a été financé par Santé Canada. J’ai travaillé activement et fait de la recherche sur la consommation de substances et la toxicomanie auprès de tous les ordres de gouvernement, ainsi qu’auprès de groupes familiaux et de personnes en rétablissement.

Comment les Canadiens ont-ils réagi en apprenant que l’alcool augmente les risques de problèmes de santé, notamment le cancer, les problèmes cardiaques, les maladies du foie ainsi que les blessures infligées à soi-même ou autrui?

Pour beaucoup, les directives indiquant qu’un à deux verres par semaine soient « à faible risque » n’ont rien à voir avec les directives de 2011, qui recommandaient de ne pas boire plus de 15 verres par semaine pour les hommes et 10 verres pour les femmes afin d’éviter les risques pour la santé à long terme.

Comment les Canadiens ont-ils réagi aux nouvelles directives?

Comme on pouvait s’y attendre, la publication du rapport final des nouvelles directives a suscité une grande confusion, voire de l’indignation. Selon un sondage Ipsos, près des trois quarts des personnes interrogées ont déclaré qu’elles ne changeraient pas leurs habitudes de consommation à la lumière des nouvelles directives. Plus de la moitié ont même affirmé que « deux verres par semaine étaient une quantité si minime qu’ils avaient du mal à y croire ».

Les auteurs des nouvelles directives ne recommandent pas de consommer un maximum de deux boissons alcoolisées par semaine. On recommande plutôt aux Canadiens d’envisager de réduire leur consommation d’alcool en leur fournissant « l’information dont ils ont besoin pour faire leurs propres choix en matière de santé ».  Il est important de retenir que plus vous buvez, plus votre risque est élevé.

Mettre l’accent sur les données probantes

Contrairement aux directives de 2011, qui fournissaient peu de contexte à leurs conclusions, la mise à jour de 2023 met les preuves scientifiques au premier plan en évaluant les risques associés à la consommation d’alcool. Elle est basée sur près de 6 000 études évaluées par des pairs et a fait appel à un comité d’experts composé de 23 scientifiques provenant de 16 organisations.

D’une certaine manière, la consommation d’alcool s’apparente à n’importe quelle activité à risque : plus vous skiez, par exemple, plus votre risque de blessure en skiant est élevé.

Mais contrairement au ski, la consommation excessive d’alcool a été liée de manière concluante à de graves problèmes de santé qui augmentent considérablement avec le nombre de verres consommés chaque semaine :

●  1 à 2 consommations par semaine représentent un faible risque.

●  3 à 6 consommations par semaine représentent un risque modéré.

●  7 consommations ou plus représentent un risque élevé.

Comprendre les principaux risques pour la santé associés à la consommation d’alcool

Nous savons maintenant plus que jamais à quel point l’alcool peut nuire à la santé. Des études récentes indiquent qu’environ 3 millions de personnes dans le monde meurent chaque année de l’usage nocif de l’alcool.

Aux États-Unis, l’alcool est responsable d’environ 1 décès sur 5 chez les adultes américains âgés de 20 à 49 ans. À l’instar des nouvelles recommandations canadiennes, l’Organisation mondiale de la Santé a récemment publié une déclaration indiquant qu’en ce qui concerne la consommation d’alcool, il n’existe pas de quantité sécuritaire qui n’affecte pas la santé.

Les risques pour la santé associés à l’alcool sont les suivants :

Le cancer :  Le cancer est la principale cause de décès au Canada et près de 7 000 cas de cancer sont causés par la consommation d’alcool chaque année. Dans la plupart des cas, il s’agit du cancer du sein ou du côlon, suivi des cancers du rectum, de la bouche et de la gorge, du foie, de l’œsophage et du larynx.

Selon la Société canadienne du cancer, le fait de diminuer sa consommation d’alcool fait partie des 10 comportements les plus efficaces pour réduire le risque de cancer.

Les maladies cardiaques : La recherche montre que la consommation d’alcool ne diminue ni n’augmente le risque de cardiopathie ischémique. Cependant, il s’agit d’un facteur de risque pour la plupart des autres types de maladies cardiovasculaires, y compris l’hypertension, l’insuffisance cardiaque, l’hypertension artérielle, la fibrillation auriculaire et les accidents vasculaires cérébraux hémorragiques.

Les maladies du foie : Le fait de boire une grande quantité d’alcool, même pendant quelques jours seulement, peut entraîner une accumulation de graisse dans le foie. Il s’agit d’une stéatose hépatique associée à l’alcool.

Une forme plus grave de maladie hépatique liée à l’alcool est appelée hépatite associée à l’alcool, qui est généralement causée par l’abus d’alcool ou, moins fréquemment, lorsque les gens consomment de grandes quantités d’alcool dans un court laps de temps (hyperalcoolisation rapide).

Éventuellement, les lésions hépatiques continues liées à l’alcool peuvent entraîner le développement de tissu cicatriciel dans le foie, appelé fibrose, ce qui peut entraîner une cirrhose et un cancer du foie potentiellement mortels.

Violence et blessures : La consommation d’alcool augmente le risque de violence et de blessures, notamment l’automutilation. Elle est souvent associée à des comportements violents et agressifs, notamment la violence entre partenaires intimes, la violence sexuelle entre hommes et femmes, ainsi que l’agressivité et la violence entre adultes. L’alcool peut également augmenter la gravité des incidents violents.

La consommation d’alcool augmente également les risques d’accidents causant des blessures physiques ou même la mort. On estime qu’entre 1 250 et 1 500 personnes sont tuées et que plus de 63 000 sont blessées chaque année au Canada dans des accidents de voiture liés à l’alcool.

Autres conséquences sur la santé

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Les dernières recherches suggèrent que l’alcool est toxique pour de nombreux systèmes organiques, c’est pourquoi il contribue aux cancers de la bouche et de l’estomac.

De plus, les boissons sucrées et riches en calories, comme les cocktails faits avec des boissons gazeuses, des jus ou de la crème vous feront prendre du poids. La bière contient elle aussi énormément de calories, environ la même quantité qu’une boisson gazeuse, canette pour canette.

L’alcool altère également l’attention, la concentration et le jugement; il peut contribuer à la perte de mémoire et il a été démontré qu’il perturbe à la fois la qualité et la quantité de vos heures de sommeil. La consommation malsaine d’alcool peut également contribuer directement à des problèmes de maladie mentale, comme l’anxiété et la dépression.

Des moyens simples de réduire sa consommation d’alcool

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Utilisez ces conseils et stratégies pour être plus attentif à vos habitudes de consommation d’alcool.

●  Si vous prenez souvent un verre après le travail, allez plutôt faire une marche, car l’exercice déclenche les mêmes sensations de bien-être que l’alcool.

●  Au lieu de prendre un verre avant de vous coucher pour vous aider à dormir, écoutez une application de méditation.

●  Cherchez des moyens sains de gérer le stress, comme appeler un ami, faire une marche avec le chien et dormir suffisamment.

●  Essayez d’étancher votre soif avec des boissons sans alcool comme l’eau pétillante, la bière sans alcool et les cocktails sans alcool.

●  Mangez quelque chose avant votre premier verre pour éviter de boire à jeun.

●  Trouvez des moyens de passer du temps avec des amis sans consommer de l’alcool, comme faire une randonnée ou suivre un cours de yoga.

●  Riez-en lorsque vous ressentez l’envie de boire. Le rire libère de la dopamine, cette hormone qui vous procure une sensation de bien-être. Regardez des vidéos amusantes pour y arriver.

●  Si vous vous ennuyez ou si vous êtes stressé, faites une activité physique au lieu de boire.

●  Évitez de passer du temps avec des amis qui boivent beaucoup lorsque vous essayez de réduire votre consommation.

La meilleure des nouvelles

En ce qui concerne votre santé, les dernières données scientifiques indiquent clairement que plus de deux verres par semaine entraînent un risque croissant de préjudice, au fil de votre consommation. 

Ainsi, si vous buvez trois verres par semaine, vos risques demeurent très faibles, alors que la consommation d’alcool à des niveaux de « risque faible » prescrits dans les directives obsolètes de consommation d’alcool à faible risque de 2011 (c.-à-d., 15 verres standard par semaine pour les hommes et 10 pour les femmes) augmente considérablement le risque.

Les recommandations ne sont pas destinées à imposer des restrictions à votre façon de vivre, mais sont là à titre d’information pour éclairer vos décisions en matière de santé. Pour plusieurs d’entre nous, cela signifie que l’on doit mieux connaître notre seuil de risque et nos préférences. Par exemple, une personne ayant de forts antécédents familiaux de cancer pourrait prendre plus au sérieux les risques de cancer attribuables à l’alcool.

Il existe de nombreuses façons d’obtenir de l’aide si vous êtes préoccupé par la quantité d’alcool que vous buvez. Un excellent point de départ consiste à vous informer au sujet des dernières directives. Vous pouvez également explorer les services de consultation et discuter avec votre médecin au sujet de médicaments sûrs et efficaces. Il est important de demander de l’aide.

Si vous craignez de trop boire et que vous avez de la difficulté à réduire votre consommation ou à vous arrêter, visitez le site Web https://fr.helpwithdrinking.ca/.

Le site Web offre des renseignements fiables basés sur les directives complémentaires que j’ai élaborées, les Directives canadiennes pour la prise en charge clinique de la consommation d’alcool à risque élevé et des troubles liés à l’usage d’alcool, qui décrivent les pratiques exemplaires pour le traitement de la consommation d’alcool à risque élevé et des troubles liés à l’usage d’alcool (TUA).

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