Apprenez à reconnaître les signes avant-coureurs d’une relation malsaine avec l’alcool et à y remédier

Comme vous le savez peut-être déjà, le gouvernement canadien a mis à jour les repères canadiens sur l’alcool et la santé, publiés en janvier 2023. Les nouvelles lignes directrices indiquent que la consommation de plus de deux verres d’alcool par semaine entraîne des risques élevés de dommages sanitaires et sociaux.

Bien que ce rapport soit davantage axé sur les effets de l’alcool sur la santé que sur la consommation compulsive ou addictive d’alcool (ce que l’on appelle désormais « trouble lié à l’usage d’alcool » [TUA]), il pourrait vous avoir incité à examiner vos habitudes de consommation d’alcool.

Les personnes atteintes d’un TUA consomment fréquemment de grandes quantités d’alcool. Elles sont incapables de s’arrêter malgré les conséquences de leur consommation d’alcool sur leur vie quotidienne.

J’ai déjà écrit sur les faits concernant la consommation d’alcool à haut risque, et nous vous présentons aujourd’hui les plus récents renseignements sur les TUA. Je compte de nombreuses années d’expérience en tant que médecin et chercheur dans le domaine de la toxicomanie. J’ai également coprésidé l’élaboration des Directives canadiennes pour la prise en charge clinique de la consommation d’alcool à risque élevé et des troubles liés à l’usage d’alcool, financée par Santé Canada. Voici ce que je sais sur le sujet.

Différence entre un trouble lié à l’usage d’alcool et l’alcoolisme

Dans le passé, on qualifiait souvent d’alcooliques les personnes qui buvaient manifestement de manière excessive et qui avaient de la difficulté à contrôler ou à arrêter leur consommation d’alcool. Ce terme étant considéré par beaucoup de gens comme stigmatisant, les cliniciens utilisent désormais le terme « TUA » pour désigner la consommation problématique d’alcool qui entraîne un affaiblissement des facultés ou un stress cliniquement significatif.

Les TUA peuvent être légers, modérés ou graves, selon le nombre de symptômes que présente chaque personne.

Signes d’un trouble lié à l’usage d’alcool

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Si vous lisez ces lignes, peut-être avez-vous déjà réfléchi à votre relation avec l’alcool. Il est possible que d’autres personnes vous aient dit qu’elles étaient préoccupées par votre consommation d’alcool, ou que vous vous sentiez gêné ou coupable par rapport à votre consommation d’alcool, mais que vous ayez du mal à vous arrêter. Comprendre vos habitudes de consommation d’alcool et les risques connexes est une première étape importante si vous êtes prêt à réduire votre consommation ou à l’arrêter complètement.

Signes à surveiller :

●  Vous buvez régulièrement plus que prévu.

●  Vous essayez régulièrement, mais sans succès, de réduire votre consommation d’alcool ou d’arrêter de consommer de l’alcool.

●  Vous ressentez le besoin de boire de l’alcool pour faire face à des émotions comme le stress ou l’anxiété.

●  Vous reconnaissez que l’alcool contribue à une détérioration de votre santé physique ou émotionnelle, mais vous buvez tout de même.

●  Vous négligez des choses importantes dans votre vie, comme le travail ou les relations, ou vous avez des problèmes interpersonnels à cause de votre consommation d’alcool.

●  Vous éprouvez des symptômes de sevrage, comme un tremblement des mains ou de l’anxiété, lorsque vous passez une journée sans boire.

●  Vous ratez des activités sociales, professionnelles ou récréatives parce que vous buvez ou que vous vous remettez de votre consommation d’alcool.

●  Vous prenez des risques sous l’effet de l’alcool (par exemple, en conduisant ou en ayant des rapports sexuels non protégés).

Vous trouverez des outils d’évaluation utiles sur le site Web fr.helpwithdrinking.ca, sous l’onglet des outils de dépistage.

Incidence des TUA sur la santé

L’alcool peut influencer différentes parties de votre corps.

Cerveau

●  La consommation régulière d’alcool nous rend souvent plus anxieux ou déprimés lorsque nous ne buvons pas, et elle perturbe notre sommeil.

●  Elle peut entraîner une intoxication alcoolique aiguë et, à long terme, des lésions cérébrales ainsi que des troubles de la mémoire, y compris la démence.

Foie

●  La consommation d’alcool peut provoquer des lésions hépatiques permanentes (ce qu’on appelle des cirrhoses) et une insuffisance hépatique.

Cœur

●  La consommation d’alcool augmente votre tension artérielle et vous expose à divers problèmes cardiaques.

●  Elle augmente considérablement votre risque d’accident vasculaire cérébral.

Pancréas

●  La consommation d’alcool peut entraîner des problèmes comme une inflammation du pancréas (ce qu’on appelle une pancréatite).

●  Si elle n’est pas traitée, la pancréatite chronique peut se transformer en cancer du pancréas, une forme de cancer virulente et mortelle.

Renseignez-vous sur les risques de l’alcool pour la santé.

Comment obtenir de l’aide

Trouver un prestataire de soins de santé

Vous consultez votre médecin ou un professionnel de la santé lorsque vous avez un problème de santé. Vous devriez faire de même si vous êtes préoccupé par votre consommation d’alcool. Une consultation avec un médecin de famille, une infirmière praticienne, dans une clinique virtuelle ou sans rendez-vous, ou avec un professionnel de la santé mentale vous permettra d’obtenir du soutien et de connaître les étapes à suivre.

Les prestataires de soins de santé peuvent effectuer un test de dépistage pour vous aider à déterminer si votre consommation d’alcool vous expose à un risque élevé d’effets sur la santé, de TUA ou des deux.

Options de traitement

Tout au long de ce processus et par la suite, nous vous recommandons de faire appel à un thérapeute pour vous aider à améliorer votre relation avec l’alcool, y compris votre capacité à utiliser des techniques d’adaptation non liées à l’alcool. La thérapie peut également vous aider à traiter les stress ou les traumatismes sous-jacents qui peuvent contribuer à votre consommation d’alcool.

Si vous avez besoin d’aide supplémentaire, certains médicaments éprouvés pourraient vous aider à réduire votre consommation d’alcool ou à l’arrêter. Ces traitements ont aidé de nombreuses personnes à maîtriser leur consommation d’alcool. Les différents médicaments qui peuvent être utiles et ceux qu’il faut éviter sont décrits dans les directives elles-mêmes.

Lorsque vous demandez des médicaments, il est essentiel de savoir lesquels sont efficaces et lesquels ne le sont pas. Des études ont suggéré que certains médicaments couramment prescrits – comme les antidépresseurs – peuvent entraîner une augmentation de la consommation d’alcool chez certaines personnes.

Songez au soutien communautaire

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L’isolement peut rendre difficile la réduction ou l’arrêt de la consommation d’alcool, et c’est pourquoi le soutien communautaire fait généralement partie des plans à long terme. Il peut aussi s’agir de la première étape de votre parcours. En fonction de la gravité de vos problèmes d’alcool, les soutiens suivants pourraient également s’avérer utiles :

●  Les groupes de pairs, comme Alcooliques anonymes ou SMART Recovery

●  Le cas échéant, les autorités sanitaires ou les centres communautaires pour les personnes qui ont du mal à trouver des relations sociales sans alcool

●  Les services de traitement des troubles liés à la consommation de substances, comme les cliniques spécialisées ou les services d’hospitalisation, que votre médecin peut vous recommander

●  Les services de thérapie ou de psychothérapie

●  Vous trouverez une liste complète des services à l’échelle du Canada ici

Arrêter par vos propres moyens

Si vous essayez de vous sevrer de l’alcool, il est essentiel de prendre conscience des risques. Si vous consommez de l’alcool de manière excessive tous les jours (plus de quatre à six verres par jour) et que vous arrêtez ou réduisez considérablement votre consommation subitement sans l’aide d’un médecin, vous risquez de souffrir de symptômes de sevrage graves, voire, dans de rares cas, mortels.

En général, les risques de sevrage grave dépendent de la quantité d’alcool consommée et de la durée pendant laquelle vous avez consommé de l’alcool de manière continue, ainsi que de vos expériences antérieures en matière d’arrêt de votre consommation d’alcool.

La plupart des personnes qui ont besoin d’aide pour maîtriser leur consommation d’alcool ne développeront pas de symptômes de sevrage graves nécessitant la prise de médicaments. Toutefois, si vous êtes un gros buveur (plus de six verres par jour), il est recommandé de réduire votre consommation sur une ou deux semaines ou, mieux encore, de consulter un professionnel de la santé afin qu’il évalue votre risque de sevrage alcoolique grave.

Aider un ami ou réduire la consommation en groupe

Comme pour les objectifs de remise en forme, il est souvent plus facile de s’engager à développer une relation plus saine avec l’alcool avec des amis, au sein d’un groupe ou par l’entremise d’autres formes de soutien par les pairs. Si la décision de réduire ou d’arrêter sa consommation d’alcool appartient à l’individu, le soutien d’un ami ou d’un membre de la famille peut s’avérer inestimable. Le soutien est d’autant plus important pour les personnes souffrant d’un TUA grave afin de les aider à s’orienter par rapport aux services et aux plans de traitement.

Les bienfaits de l’aide

Une meilleure compréhension des risques liés à l’alcool est souvent suffisante pour réduire ou arrêter les habitudes malsaines dans le cas d’un TUA léger à modéré. Travailler avec un thérapeute ou un professionnel du bien-être mental peut offrir d’autres bénéfices.

En tant que médecin d’une clinique de gestion du sevrage, je sais que les TUA, même graves, peuvent être gérés au moyen d’un traitement efficace fondé sur des données probantes.

Il n’est pas facile de demander de l’aide, mais d’après mon expérience, personne ne regrette de l’avoir fait.Pour en savoir plus, consultez le site Web fr.helpwithdrinking.ca. Ce site offre des renseignements fiables basés sur les directives complémentaires que j’ai élaborées, les Directives canadiennes pour la prise en charge clinique de la consommation d’alcool à risque élevé et des troubles liés à l’usage d’alcool, qui décrivent les pratiques exemplaires pour le traitement de la consommation d’alcool à risque élevé et des troubles liés à l’usage d’alcool (TUA).

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