Nick Saloman semblait avoir tout pour lui : une entreprise de construction prospère à Ottawa, de solides amitiés et des liens familiaux étroits. Pourtant, sous son apparence confiante, Nick luttait contre l’anxiété, la dépression et la fatigue chronique, des problèmes qui se sont dramatiquement aggravés lorsqu’il a décidé de cesser de prendre des stéroïdes après des années de consommation.
En 2024, Nick s’est tragiquement enlevé la vie. Son père, Robert Saloman, estime que le manque de sensibilisation aux conséquences physiques et mentales de l’arrêt de la consommation de stéroïdes anabolisants a largement contribué à la mort de son fils.
« Nick était au fait de certains risques, comme l’infertilité, mais il ignorait que l’arrêt des stéroïdes le plongerait dans une grave dépression », explique M. Saloman. « La sensibilisation peut sauver des vies. Il est important que les hommes comprennent les dangers, non seulement de l’utilisation de stéroïdes, mais aussi des tentatives de sevrage sans le soutien approprié. »
Les stéroïdes et l’estime de soi
Selon le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES), la moitié des utilisateurs de stéroïdes anabolisants en âge de fréquenter l’école secondaire ne sont pas des athlètes. Ils utilisent plutôt ces médicaments pour modifier leur apparence, c’est-à-dire pour paraître plus musclés ou « découpés au couteau ». Souvent, une faible estime de soi et des problèmes d’image corporelle sont à l’origine de ce type de consommation de stéroïdes.
Le chercheur Kyle Ganson, professeur adjoint en travail social à l’Université de Toronto, étudie la façon dont les jeunes hommes ont de la difficulté avec leur image corporelle. « Ils voient des gens sur les réseaux sociaux et pensent que c’est à cela que doit ressembler le corps masculin », explique M. Ganson.
Une récente étude britannique a révélé que près d’un homme sur quatre n’a que rarement ou jamais eu confiance en son corps, les jeunes hommes âgés de 18 à 24 ans étant les plus susceptibles d’essayer les stéroïdes.
Des recherches menées en Australie suggèrent que les réseaux sociaux contribueraient à l’utilisation croissante de stéroïdes anabolisants chez les hommes et les adolescents, avec une enquête gouvernementale sur les drogues révélant que l’utilisation non médicale de stéroïdes a triplé.
Les effets des stéroïdes anabolisants sur le corps et l’esprit
Selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), l’utilisation de stéroïdes à haut dosage augmente significativement le risque de :
- problèmes cardiaques, y compris crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux, même chez les utilisateurs âgés de moins de 30 ans;
- agressivité et violence;
- irritabilité, anxiété, sautes d’humeur, symptômes maniaques et paranoïa;
- lésions hépatiques et cancer;
- réduction de la fertilité;
- changements hormonaux permanents, tels que le rétrécissement des testicules et la croissance des seins chez les hommes.
Les effets à long terme peuvent également inclure un retard de croissance chez les adolescents, une acné persistante, une féminisation chez les hommes, une perte de cheveux et des problèmes de prostate.
Pourquoi il est si difficile de cesser la consommation
Jusqu’à 30 % des utilisateurs peuvent développer une dépendance. Les symptômes de sevrage peuvent être intenses : dépression, fatigue, pensées suicidaires et incapacité à avoir une érection.
Les stéroïdes empêchent le corps de produire de la testostérone. Même après l’arrêt de la consommation, le corps tarde souvent à produire de la testostérone naturelle. Pour certaines personnes, comme Nick Saloman, le corps cesse de produire de la testostérone pendant des années.
Une étude récente portant sur des hommes ayant consommé des stéroïdes a mis en évidence une baisse de la libido, un état dépressif, de l’anxiété et des pensées suicidaires, ainsi qu’un déclin général du bien-être au cours de la première année suivant l’arrêt de la consommation de stéroïdes.
Selon l’auteur principal de l’étude, le problème réside dans le fait que les médecins ne disposent pas actuellement de plans de traitement pour aider les hommes à atténuer ces symptômes. La nouvelle encourageante est qu’il existe des « facteurs potentiellement traitables pour améliorer les symptômes que les hommes ressentent lorsqu’ils cessent d’utiliser des stéroïdes ».
Jusqu’à présent, il n’existait pas de modèle clinique pour aider les utilisateurs à cesser de consommer ou à gérer leur dépendance. Ce que les chercheurs apprennent, c’est que le traitement de la dépendance aux stéroïdes anabolisants peut nécessiter une équipe d’experts : médecins généralistes, psychiatres, endocrinologues et spécialistes en dépendance.
Comment soutenir une personne en difficulté
L’histoire de Nick est un rappel solennel de la gravité des effets secondaires des stéroïdes anabolisants sur la santé mentale. « Avec le recul, en tant que parents, nous aurions aimé connaître l’ampleur de la lutte de notre fils contre les stéroïdes et l’étendue des risques auxquels il était confronté », déclare Robert Saloman.
Signes à surveiller
Selon le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES), voici certains des signes communs d’utilisation de stéroïdes anabolisants :
- retrait des relations sociales établies;
- perte de mémoire et fatigue;
- anxiété, dépression ou irritabilité accrue;
- mensonge et comportement cachottier;
- délires;
- agressivité accrue;
- l’insomnie
Une manière simple d’entamer la conversation
La première étape consiste à avoir une conversation ensemble. Cela est plus souvent facile à dire qu’à faire, car les hommes sont souvent très peu enclins à demander de l’aide.
Comme l’explique le Dr David Kuhl, clinicien spécialiste dans la santé des hommes et chercheur à l’institut Blueprint : « les hommes ont tendance à canaliser tous leurs affects sous forme de colère et d’excitation sexuelle. Ils ressentent souvent de la honte, de la peur et du chagrin. Nous devons créer un espace suffisamment sécuritaire pour leur permettre de faire preuve de vulnérabilité et d’ouverture d’esprit. »
Psychologue clinicienne basée en Colombie-Britannique, la Dre Melanie Badali recommande la meilleure façon d’entamer une conversation sur la dépendance et les problèmes de santé mentale :
- Préparer le terrain : Renseignez-vous sur les ressources disponibles afin de comprendre les enjeux liés aux stéroïdes anabolisants. Parfois, les gens ont besoin d’un soutien informationnel.
- Trouver le bon moment : Choisissez le bon moment, sans distractions.
- Poser des questions : Posez des questions ouvertes telles que : « Que se passe-t-il vraiment? » et « Comment puis-je aider? ». Rappelez-leur que vous posez la question parce que vous vous souciez d’eux.
- Écouter : Écouter attentivement, valider les sentiments sans donner de conseils immédiats. Résistez à la tentation de « réparer » les choses dès le début du parcours.
- Réfléchir : Réagissez avec empathie et compassion et donnez l’exemple du soutien que vous souhaiteriez voir vous-même. Ne blâmez pas, n’étiquetez pas et ne jugez pas.
L’héritage de Nick : sensibiliser et donner de l’espoir
« Nick était un homme généreux qui n’hésitait pas à aider les autres. Il a souvent utilisé son entreprise pour soutenir d’autres personnes dans le besoin en leur apprenant un métier spécialisé. Nous aurions aimé pouvoir faire plus pour l’aider », explique son père, M. Saloman.
Il est possible d’avoir de l’aide. Les groupes de soutien, les conseils et les conversations honnêtes sur l’image corporelle et l’estime de soi offrent des avenues plus saines pour se sentir fort et en confiance. Si vous ou l’un de vos proches êtes aux prises avec l’utilisation de stéroïdes, n’attendez pas pour lancer une conversation.
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