En tant que père, l’une des leçons les plus importantes que j’ai apprises est que nos enfants ont besoin que nous soyons présents dans leur vie, émotionnellement, mentalement et physiquement. Cette présence, sous ses nombreuses formes, est le fondement d’une relation saine entre vous et vos enfants.
Être présent ne se limite pas à faire acte de présence. Il s’agit de créer un espace où vos enfants se sentent en sécurité, aimés et compris.
La paternité ne consiste pas à être parfait. Il s’agit d’être « suffisamment bon » et d’aimer son enfant à travers tous les défis. Il s’agit de s’assurer que votre enfant sait que vous le soutiendrez toujours, quoi qu’il arrive.
C’est l’essence même de la paternité, et c’est aussi la meilleure façon de favoriser la santé mentale de vos enfants. Une étude récente ayant révélé que les risques de dépression et d’anxiété sont nettement plus élevés chez les jeunes hommes que dans l’ensemble de la population masculine, ce type d’attention paternelle est plus important que jamais.
Une leçon déchirante
L’importance d’être présent m’a été démontrée lorsque je travaillais comme médecin en soins palliatifs à l’hôpital Saint-Paul de Vancouver. En soignant des patients atteints du VIH et du sida, j’ai observé une tendance troublante qui a changé ma vie : les mères venaient de partout au Canada pour s’asseoir au chevet de leur fils mourant, mais les pères étaient souvent absents.
Un soir, j’ai entendu un jeune homme téléphoner à son père. « Papa, dit-il, j’ai trois choses à te dire. Premièrement, je suis gai. Deuxièmement, j’ai le sida. Et troisièmement, je suis en train de mourir. »
Il était facile de voir qu’il n’y avait que du silence à l’autre bout du fil. Il était facile de voir qu’il n’y avait que du silence à l’autre bout du fil. Le jeune homme a dit au revoir et a raccroché, et à ce moment-là, j’ai compris quelque chose de fondamental : quelles que soient les circonstances, un père doit toujours être là pour son enfant.
Cette expérience a joué un rôle central dans ma façon de travailler avec les pères et les hommes et m’a amené à cofonder Blueprint, un organisme à but non lucratif qui s’efforce d’améliorer le bien-être des hommes et de renforcer leur contribution positive à la collectivité.
Au cours des années qui ont suivi, j’ai interviewé de nombreuses personnes, âgées de 21 à 93 ans, qui ont eu des relations positives avec leur père. Le thème dominant qui est ressorti de ces conversations est le pouvoir de la présence.
Que signifie réellement « être présent »?
La présence, c’est plus que le fait d’être dans la même pièce que votre enfant. Il s’agit de faire en sorte que votre enfant sache que vous êtes entièrement là pour lui.
L’un des exemples les plus marquants dont j’ai eu connaissance est celui d’un pompier qui a expliqué la différence entre deux types de pères. Il a expliqué que si sa fille avait un accident de voiture, elle pourrait réagir de deux façons. Elle pourrait dire : « N’appelez pas mon père, il va me tuer » ou « Appelez mon père, il saura exactement quoi faire ». Cette deuxième réponse témoigne du type de père que chaque enfant mérite — un père qui, quelle que soit la situation, apporte son soutien et demande : « Est-ce que ça va? Comment puis-je t’aider? »
Être présent, c’est aussi être disposé à voir le monde à travers les yeux de son enfant. J’ai deux filles qui sont des passionnées de danse et de comédie musicale, deux disciplines que je ne connaissais pas beaucoup avant leur naissance. J’ai vite compris qu’être un bon père ne consistait pas à les entraîner dans mon monde, mais à entrer en contact avec le leur. J’ai appris à tresser les cheveux, à attacher les chaussons de danse et à apprécier les comédies musicales. Ma voiture n’était pas remplie de ballons de football ou de battes de baseball, mais de brosses à cheveux et de costumes de danse. Je me suis imprégné de leurs passions, car c’est cela être présent : rejoindre ses enfants là où ils sont, et non pas là où l’on voudrait qu’ils soient.
Aidez vos enfants à améliorer leur estime de soi
En tant que pères, nous avons une influence considérable sur le développement émotionnel de nos enfants. L’une des choses les plus importantes que nous puissions faire est d’affirmer leurs émotions. Si votre enfant est triste, en colère ou effrayé, le fait de reconnaître ces sentiments l’aide à développer une bonne estime de soi. En validant leurs émotions, nous leur montrons qu’il est normal de ressentir quelque chose et que les sentiments ne les rendent pas faibles.
Malheureusement, de nombreux hommes ont été élevés dans un environnement où il était déconseillé de montrer ses émotions. De vieilles phrases comme « ça suffit » ou « les vrais hommes ne pleurent pas » apprennent aux enfants à réprimer leurs émotions. En conséquence, de nombreux hommes ont grandi en étant déconnectés de leurs sentiments.
Dans mon travail avec les pompiers et les policiers, je rencontre souvent des hommes qui disent : « Je ne ressens rien ». Ce qu’ils expriment en fait, c’est qu’ils ont passé leur vie à refouler leurs émotions. C’est pourquoi il est important d’apprendre à nos enfants, en particulier à nos fils, que les émotions sont naturelles et nécessaires et qu’ils peuvent les exprimer en toute sécurité, sans crainte d’être jugés.
Brisez le cycle
Pour beaucoup d’hommes, la relation avec leur propre père est le modèle sur lequel ils s’appuient pour exercer leur rôle de parent. Si vous avez eu un père distant ou absent sur le plan émotionnel, il est facile d’adopter le même comportement.
La meilleure façon de briser ce cycle est de porter un regard honnête sur votre relation avec votre père. Demandez-vous : Comment m’a-t-il traité? Était-il présent dans ma vie? A-t-il fait preuve de gentillesse et d’affection? En réfléchissant à ces questions, vous pouvez commencer à comprendre la façon dont votre père vous a influencé et prendre des décisions conscientes sur le type de parent que vous voulez être.
Pour moi, cette réflexion s’est produite lorsque ma fille aînée avait environ huit ans. J’ai réalisé que j’avais été émotionnellement absent, non pas à cause d’une maladie mentale comme mon propre père, mais parce que je consacrais tout mon souci et toute mon attention à mes patients. C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de changer. Je voulais que mes filles sachent ce que c’était que d’être vraiment aimées par leur père. Je voulais être présent dans leur vie et je me suis engagé à faire tout ce qu’il fallait pour le leur montrer.
Comment amener vos enfants à s’ouvrir
Il peut être très frustrant de voir son enfant refuser de s’ouvrir. Vous avez beau être le père le plus compréhensif de la planète, il arrive que les enfants ne veuillent tout simplement pas partager ce qu’ils pensent ou ressentent.
Les adolescents peuvent être particulièrement renfermés, la pression des pairs et l’anxiété augmentant souvent au cours de ces années. C’est pourquoi il est important d’être patient et compréhensif pendant ces périodes turbulentes.
La clé pour amener vos enfants à s’ouvrir peut consister à créer un environnement dans lequel ils se sentent en sécurité et à l’abri de tout jugement.
Une stratégie que j’ai trouvée utile consiste à passer du temps avec vos enfants dans un cadre où la conversation se fait naturellement, comme lors d’un trajet en voiture. Il y a quelque chose dans le fait d’être en voiture, avec une musique de fond qui leur plaît, qui fait qu’ils sont plus enclins à parler. Il est important de ne pas forcer ces moments, mais d’être présent en permanence afin d’être prêt lorsqu’ils ont envie de parler.
Posez les bonnes questions
Il peut être difficile pour les pères et les enfants d’entamer des conversations sur les sentiments, mais des questions douces et ouvertes peuvent créer un espace sécuritaire où les enfants peuvent partager leurs problèmes.
Ces questions ouvertes permettent à votre enfant de répondre à sa manière, sans ressentir de pression. Elles montrent que vous vous intéressez réellement à son bien-être et que vous êtes prêt à l’écouter plutôt que de vous précipiter pour lui donner des conseils ou des solutions.
Il est également essentiel que votre enfant sache qu’il peut s’adresser à vous en cas de problème. C’est pourquoi il est bon de conclure les questions par cette phrase : « Je suis là pour toi quand tu seras prêt à en parler ».
Dans notre famille, nous avions une règle : si nos enfants se trouvaient dans une situation où ils avaient besoin d’aide, ils pouvaient nous appeler et nous leur demandions simplement où ils se trouvaient et s’ils étaient en sécurité. Cette règle a permis d’instaurer un climat de confiance, car les enfants savaient qu’ils pouvaient compter sur nous sans craindre d’être punis ou jugés.
Comment les pères peuvent soutenir leurs enfants LGBTQ+
Pour soutenir un enfant LGBTQ+, il faut de l’amour, de la compréhension et la volonté d’être son allié. Beaucoup de ces enfants sont confrontés à des défis uniques, tels que la stigmatisation sociale, la peur du rejet ou le sentiment d’être différent de leurs pairs, ce qui peut mener à l’isolement ou à des problèmes de santé mentale.
Une étude récente de la Fondation pour la santé des hommes au Canada montre que les risques de dépression et d’anxiété sont nettement plus élevés chez les hommes homosexuels ou bisexuels que dans l’ensemble de la population masculine.
Le soutien d’un père est donc d’autant plus important pour le bien-être des enfants LGBTQ+. En tant que père, votre rôle est de créer un espace sécuritaire et accueillant où votre enfant se sent valorisé.
Commencez par utiliser un langage d’affirmation, tel que « Je te soutiens quoi qu’il arrive », pour le rassurer sur le fait que votre amour est inconditionnel. Renseignez-vous sur les enjeux LGBTQ+ afin de mieux comprendre ce qu’il peut vivre. Cet effort montre que vous vous engagez à être un allié informé, prêt à le soutenir en cas de difficultés.
Incorporer le nom et les pronoms que préfère votre enfant est une autre étape importante. Cela valide son identité et favorise un sentiment d’appartenance plus profond. Restez ouvert aux conversations sur son identité, laissez-le s’exprimer lorsqu’il est prêt, et défendez ses intérêts au sein de la famille et au-delà.
Comment les pères peuvent-ils soutenir leurs enfants en situation de crise?
Lorsqu’un enfant est en crise, que ce soit en raison de difficultés émotionnelles ou de problèmes extérieurs, le soutien d’un père est vital.
Commencez par être présent — émotionnellement et physiquement — pour que votre enfant sache qu’il peut se tourner vers vous sans jugement.
Écoutez attentivement ses préoccupations et soyez attentif aux signes indiquant que ses difficultés vont au-delà du stress quotidien. Des changements de comportement, tels qu’un repli extrême sur soi, des sautes d’humeur ou des troubles du sommeil et de l’appétit, peuvent indiquer des problèmes plus profonds qui peuvent nécessiter une aide professionnelle.
Il est essentiel d’être proactif sans trop insister. Faites savoir à votre enfant que vous êtes là pour le soutenir, mais respectez aussi ses sentiments et sa disposition à parler. Rassurez-le en lui disant « Je suis là pour toi » et « Nous allons y faire face ensemble », pour lui montrer qu’il n’est pas seul.
Lorsque la situation l’exige, suggérez-lui gentiment de demander l’aide d’un professionnel. Le fait de trouver un conseiller ou un groupe de soutien peut constituer une étape importante dans la résolution de problèmes plus profonds. Proposez à votre enfant de l’accompagner à ses rendez-vous, en lui montrant que vous êtes déterminé à faire partie de la solution. Cette approche commune peut contribuer à apaiser son anxiété et lui rappeler qu’il n’est pas obligé de traverser cette épreuve seul.
En conciliant action et compassion, les pères peuvent aider leurs enfants à traverser une crise en leur apportant un soutien constant et affectueux et en veillant à ce qu’ils obtiennent l’aide dont ils ont besoin.
Le cadeau le plus important qu’un père puisse offrir
C’est l’amour inconditionnel. Votre enfant a besoin de savoir que, quoi qu’il fasse ou qui qu’il soit, vous serez toujours là pour lui. Je l’ai répété à plusieurs reprises à mes enfants : « Je t’aime. Je suis fière de toi. Et je n’aurais pas voulu vivre ma vie sans toi. » Ces mots sont importants. Ils donnent aux enfants un sentiment de sécurité et d’appartenance qui les accompagnera tout au long de leur vie.
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