Kenton Boston explique comment sa lutte contre une forme rare de cancer a motivé sa décision de diriger la Fondation pour la santé des hommes au Canada
Si vous pensez que votre parcours est pénible, pensez à celui de Kenton Boston avant qu’il ne devienne président et chef de la direction de la Fondation pour la santé des hommes au Canada (FSHC).
« J’avais l’habitude de dire en plaisantant que je vivais à Vancouver et que je travaillais à Toronto », explique Kenton à propos de ses 17 années de carrière en tant que responsable des médias pour Global News et Corus Entertainment. « C’était un travail très stressant, comportant de nombreux déplacements ainsi que la gestion de centaines d’employés et des répercussions d’un secteur en déclin. »
D’une part, le passage de Kenton à la direction d’une organisation à but non lucratif était motivé par le désir de redonner aux communautés et aux personnes qu’il avait longtemps servies par le truchement des médias. « J’ai toujours pensé que le journalisme faisait une différence dans la vie des gens en communiquant les dernières nouvelles, les résultats sportifs, des reportages d’enquête, etc. Il en va de même pour la FSHC : nous offrons un service qui fait la différence et qui a des répercussions sur la façon de vivre des gens. »
D’autre part, le parcours en matière de santé de Kenton a renforcé son attachement et son dévouement à la cause de la santé des hommes. « Il a fallu que je réévalue qui j’étais et mes priorités dans la vie. J’ai reçu un diagnostic d’une forme rare de cancer, et le seul moyen de le vaincre était d’arrêter de faire ce que j’avais fait pendant tant d’années et de recentrer mes efforts sur la guérison. »
Pour Kenton, comme pour chacun d’entre nous, la fin d’un parcours marque le début d’un autre.
La première indication que quelque chose n’allait pas
À l’automne 2019, quelque chose « n’allait pas » avec les côtes de Kenton. « J’avais l’impression que l’on m’enfonçait de la gelée dans le côté gauche », se souvient-il, ajoutant qu’au-delà de cette sensation particulière, il se considérait comme un homme en bonne santé. Il s’entraînait régulièrement, prenait des repas nutritifs et dormait suffisamment malgré son emploi du temps chargé.
Ce qu’il n’a pas fait, c’est aller voir le médecin. Il a plutôt consulté un chiropracteur, pensant que ses côtes s’étaient déplacées de leur alignement normal. « J’ai à peine pris le temps d’y réfléchir. Aller chez le chiropracteur, prendre la voiture, aller à l’aéroport, prendre l’avion pour Toronto, assister à une série de réunions, aller au gym tôt le matin et recommencer, encore et encore. »
Le chiropracteur a suggéré à Kenton de consulter un médecin, de sorte que passer une échographie a été ajoutée à la séquence des activités. C’est alors qu’une surprise surgit : une demande urgente de trouver un endroit sûr à Toronto pour téléphoner à la clinique. « On m’a alors annoncé que j’avais une grosse masse autour de mon rein gauche et que je devais communiquer immédiatement avec mon médecin de famille. »
Diagnostic erroné et défis
Entre-temps, cependant, la pandémie de COVID-19 avait forcé la fermeture de la clinique d’échographie, rendant impossible pour Kenton d’avoir accès aux images pour son médecin de famille. « Le confinement généralisé m’a fait sentir très anxieux, car je savais que j’avais une masse, mais rien de plus. Était-elle bénigne? S’agissait-il d’un cancer? C’était surréaliste. »
Les images ont finalement été envoyées à son médecin généraliste et, peu de temps après, Kenton a rencontré un urologue à l’hôpital St. Paul de Vancouver. Il a été établi qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter dans l’immédiat, car les résultats n’indiquaient pas la présence d’un cancer. « J’étais, bien sûr, très soulagé et la vie a repris son cours.
Lorsque l’on a commencé à lever les mesures de confinement, je suis retourné chez le chiropracteur. À ce moment-là, ma cage thoracique s’était encore déplacée et je ne pouvais plus très bien bouger mon bras gauche. Mais je m’étais convaincu que c’était dû à l’entraînement ou au stress que je subissais. »
Le chiropracteur lui a suggéré de consulter à nouveau un médecin et d’obtenir un second avis. « Il m’a dit qu’il fallait vraiment que je me fasse enlever ce qu’il y avait là, se souvient Kenton. C’est ce que j’ai fait. »
Première intervention chirurgicale
Le plan de Kenton pour juin 2020 : prendre deux jours de congé pour subir une intervention chirurgicale rapide, ne le dire à personne, sauf à sa femme, et faire ensuite un voyage à moto.
Mais vous savez ce que l’on dit des plans les mieux conçus. Lorsque Kenton s’est réveillé après l’intervention, il a immédiatement remarqué une incision beaucoup plus grande que prévu dans son abdomen. « La chirurgienne lui a expliqué qu’elle avait dû mettre sa main à l’intérieur pour retirer une masse de la taille d’un pamplemousse », se souvient-il.
La très bonne nouvelle était que la masse était considérée comme bénigne, la mauvaise nouvelle étant un saignement post-opératoire et une chute du taux d’hémoglobine. Même s’il était préparé pour une nouvelle intervention chirurgicale, celle-ci n’a pas eu lieu, car le saignement s’est arrêté juste à temps. Kenton a pu donc obtenir son congé de l’hôpital.
L’intervention rapide et le voyage à moto se sont transformés en une semaine de convalescence, Kenton ne pouvant pas faire grand-chose d’autre que de rester couché.
Cela ne veut pas dire qu’il a cessé de travailler. Au lieu d’assister à des réunions en personne, il y a participé en ligne, en position entièrement inclinée sur son divan. Et il n’a mentionné l’intervention à quiconque au travail. « J’ai simplement continué, j’étais trop occupé pour ne pas le faire. J’ai peut-être été naïf, car j’avais obtenu la réponse souhaitée. Ma sœur était décédée d’un cancer 11 ans plus tôt. Je savais donc comment les conversations se déroulaient. Mais les médecins étaient catégoriques : ma tumeur ne pouvait être que bénigne, car ils n’avaient jamais vu de cancer à cet endroit précis. »
Diagnostic et deuxième intervention chirurgicale
Il faut, bien sûr, une première fois à tout. Après avoir examiné le rapport pathologique de Kenton, le médecin lui a demandé de se rendre immédiatement à Toronto, car la tumeur supposée bénigne était en fait une forme rare et agressive de cancer nécessitant un traitement d’urgence. Le but était d’extirper le cancer pour de bon au moyen d’une intervention chirurgicale très invasive et rigoureuse.
Une conférence téléphonique avec la famille de Kenton a été organisée à la hâte. « C’était ironique : toute ma vie, à l’époque, se résumait à des conférences téléphoniques. J’ai eu une conférence téléphonique pour dire à mes parents : « Nous avons tous vécu la perte de ma sœur et de mes grands-parents, et maintenant, devinez quoi? J’ai une forme rare de cancer ». Il a été encore plus difficile d’avoir cette même conversation avec mes enfants. »
À quelques semaines de l’intervention, Kenton a annoncé la nouvelle à son supérieur direct et à quelques autres collègues. Ce n’est que peu de temps avant de prendre son congé pour l’intervention qu’il en a informé toutes les autres personnes au travail. « Le plus grand défi a été de ne pas savoir quoi dire. Vais-je vivre? Vais-je mourir? Vais-je retourner au travail? À quoi ressemble la vie de l’autre côté? Je ne savais pas comment faire face à ces questions et je ne voulais pas alourdir le fardeau de quiconque. »
Lorsque Kenton a finalement fait part aux autres de son état de santé, il a été bouleversé par le soutien qu’il a reçu. « On n’en a pas toujours l’impression dans ce monde qui est le nôtre, mais il y a tellement d’empathie. Parfois, il faut aller la chercher, même si c’est difficile. »
Faire face et se rétablir
Si l’intervention a été un succès retentissant, les 18 mois de convalescence ont été épuisants. « Je me suis dit que je serais hors jeu pendant trois mois, puis de retour et prêt à travailler. Constater que je n’avais pas d’énergie, pas même pour lever le bras et encore moins pour m’asseoir ou me tenir debou, m’a causé un énorme choc. J’étais incapable de me nourrir seul. Souvent, je regardais l’horloge et j’attendais qu’une minute s’écoule, puis la suivante, et encore une autre. Il m’a été également extrêmement pénible de ne pas pouvoir avoir mes enfants avec moi en raison de la COVID-19. »
Même si l’isolement pendant la pandémie a été difficile, il a aussi eu ses avantages. « Cela a rendu les choses plus faciles parce que je n’avais qu’une chose à faire : aller mieux. Il n’y avait pratiquement pas d’autres bruits. »
Le peu de bruit qu’il y avait s’est avéré réconfortant et inspirant. « Je n’ai pas pu l’exprimer clairement à l’époque, mais j’ai lu et relu des centaines de messages de soutien et d’encouragement de ma famille, de mes amis et de mes collègues, et ils ont eu des répercussions énormes sur moi. »
Les répercussions physiques et mentales de l’intervention chirurgicale ont été encore plus importantes. « Le rétablissement a été un parcours de récupération, comme la capacité de parler clairement dans les premiers jours. L’anxiété est une chose qui me frappe maintenant. Avant l’intervention, je pouvais subir un stress énorme qui ne m’empêchait pas de me mettre au lit et de dormir. Maintenant, c’est une bataille constante pour me calmer. Je cherche toujours à comprendre pourquoi mon corps a changé ainsi. J’ai toujours l’impression qu’il est en mode combat, alors je suis en mode protection. »
Enseignements tirés
Kenton donne ces conseils aux personnes confrontées à des problèmes de santé majeurs.
- « Prenez le temps de réfléchir au problème, ne le balayez pas d’un revers de main et assurez-vous que vous êtes à l’aise avec les décisions que vous prenez et les conversations que vous avez avec la communauté médicale. »
- « Assurez-vous de bien comprendre le raisonnement qui sous-tend vos décisions et tous les risques encourus. »
- « Vous n’aurez peut-être qu’une seule chance lors de cette intervention, c’est pourquoi vous voulez vous assurer que, quel que soit ce qui vous attend de l’autre côté, vous pouvez vous regarder dans le miroir et dire que vous avez pris en main votre parcours en matière de santé. »
- « Il faut être la personne la mieux placée pour défendre ses propres intérêts et passer du temps à écouter son corps, ce qui n’est pas toujours facile. »
- « En général, les hommes doivent être plus ouverts au partage. J’ai parlé à plusieurs thérapeutes, mais je sais que je dois faire plus d’efforts et me concentrer davantage sur ma santé mentale. »
Tirer parti de l’expérience pour aider les autres
Peu d’organisations correspondent autant à la passion de Kenton pour sa santé que la FSHC. Cet organisme de bienfaisance enregistré à l’échelle nationale a pour mission d’aider les hommes et à leurs familles à vivre plus sainement en leur donnant des renseignements fondés sur des preuves qui contribuent à améliorer la vie des gens et à sauver des vies. Kenton souligne une statistique clé, expliquant que 70 % des problèmes de santé chez les hommes peuvent être évités en adoptant un mode de vie plus sain.
« Lorsque je discute avec d’autres hommes, des membres de leur famille et des membres des communautés environnantes, il apparaît clairement que nous avons tous les mêmes désirs et les mêmes besoins. Ainsi, le récit de mon propre parcours en matière de santé est une force unificatrice, car nous voulons tous être en bonne santé. Certaines personnes y parviennent relativement facilement, alors que pour d’autres, comme moi, c’est plus difficile. L’idée à l’origine de notre message est que de petits changements faciles dans le mode de vie peuvent avoir un impact important sur la santé. »
L’une des priorités de Kenton est de se concentrer sur les groupes démographiques masculins qui ont le plus besoin d’aide. Selon une nouvelle étude de la FSHC :
- Le risque de dépression modérée à sévère est nettement plus élevé chez les jeunes Canadiens âgés de 19 à 29 ans (43 %), les hommes racialisés (30 %) et les hommes homosexuels ou bisexuels (28 %) que dans l’ensemble de la population masculine (18 %).
- L’anxiété modérée à élevée est nettement plus élevée chez les Canadiens âgés de 19 à 29 ans (57 %), les hommes racialisés (45 %) et les hommes homosexuels ou bisexuels (42 %) que dans l’ensemble de la population masculine (30 %).
« Nous voulons être la première ligne où les hommes et leurs familles peuvent avoir accès à des renseignements et à des outils sur notre site Web, explique Kenton. Il s’agit de faire savoir aux gens de tout le Canada qu’ils ne sont pas seuls. L’une des choses les plus difficiles est de faire un pas en avant et de dire « J’ai besoin d’aide ». Si les gens demandent de l’aide, nous pouvons les mettre en contact avec des professionnels et commencer à faire une différence dans la vie de nombreux Canadiens. »
Et tout cela sans avoir à se déplacer.
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