Une nouvelle étude menée par la Fondation pour la santé des hommes au Canada soulève des inquiétudes à propos de certaines populations.

Chaque personne affronte le stress à sa façon; cependant, un nombre inquiétant d’hommes sont exposés à un risque considérablement accru d’anxiété et de dépression. Lorsqu’ils se sentent dépassés, de nombreux hommes ont tendance à s’isoler plutôt qu’à chercher de l’aide.

« Nous devons sortir les hommes de leur isolement et les aider à arrêter de croire qu’ils peuvent y arriver seuls, insiste le Dr David Kuhl, chercheur et clinicien spécialisé en santé masculine. Il y a une différence entre le fait d’être solitaire et celui de s’isoler. Le chagrin, la honte et la peur poussent les hommes à s’isoler. Ils nous paralysent et peuvent conduire à la dépression et au suicide. Ils nous empêchent d’aller de l’avant. »

Selon une nouvelle étude commandée par la Fondation pour la santé des hommes au Canada (FSHC) :

  • Le risque de dépression modérée à sévère est nettement plus élevé chez les jeunes Canadiens âgés de 19 à 29 ans (43 %), les hommes racialisés (30 %) et les hommes homosexuels ou bisexuels (28 %) que dans l’ensemble de la population masculine (18 %).
  • L’anxiété modérée à élevée est nettement plus élevée chez les Canadiens âgés de 19 à 29 ans (57 %), les hommes racialisés (45 %) et les hommes homosexuels ou bisexuels (42 %) que dans l’ensemble de la population masculine (30 %).

« Ces statistiques ne peuvent pas être ignorées : l’anxiété et la dépression touchent certaines populations d’hommes beaucoup plus que d’autres, déclare le Dr Kuhl. Attirer l’attention sur l’omniprésence des problèmes de santé mentale au sein de ces populations est la première étape vers un changement de comportement. La santé mentale ne concerne pas une seule personne; c’est un sujet qui touche également les familles et les communautés. »

Trouver de l’aide dès maintenant au Canada

988.ca/fr : Une ligne d’aide en cas de crise de suicide disponible 24 heures sur 24, tous les jours de l’année. Des intervenants formés qui écoutent sans juger, apportent soutien et compréhension et partagent des ressources utiles.

Pour obtenir de l’aide adaptée aux Inuits, aux Métis et aux peuples des Premières Nations, veuillez sélectionner l’option prévue à cet effet au début de votre appel pour vous connecter directement à la Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être. Ce service est offert par un personnel expérimenté et possédant un savoir-faire culturel adapté aux populations autochtones du Canada.

Trousse CerveauForme : Un large éventail de ressources permettant aux hommes de gérer le stress, l’anxiété et la dépression.

Buddy Up : Des ressources conçues pour aider les hommes à tenir des conversations authentiques qui favorisent la communication et le bien-être. Par le Centre de prévention du suicide.

It Gets Better Canada : Une multitude d’histoires édifiantes et inspirantes racontées par des membres de la communauté 2SLGBTQ+ et leurs alliés. Sont également proposées des ressources pour la communauté disponibles partout au Canada.

pflag Canada : Des ressources qui aident les personnes 2SLGBTQ+ à entrer en contact avec des services de soutien et une communauté aimante.

Faire le point avec soi-même

Certains niveaux de stress, d’anxiété et de dépression sont normaux. Ils peuvent vous aider à surmonter des situations difficiles et à rester motivé. Cependant, comme le souligne le Dr Kuhl, « l’identité masculine traditionnelle, qui incite les hommes à se montrer stoïques, à éviter de demander de l’aide et à ne pas exprimer leurs émotions, n’est plus viable. Elle commence à décliner. Comment demander de l’aide? » Avant toute chose, il faut être capable de reconnaître que quelque chose ne va pas.

Pour les hommes, repérer ce tournant peut se révéler particulièrement difficile. En grandissant au Canada, le fait d’entendre encore et encore des phrases telles que « Prends sur toi », « Les garçons ne pleurent pas! » et « Ne fais pas ta fillette! » vous a peut-être poussé à réprimer des sentiments de vulnérabilité tels que la tristesse et la solitude et à vous sentir plus à l’aise avec des émotions comme la colère. C’est pourquoi il est aussi important de connaître les signes courants d’anxiété et de dépression et de surveiller sa santé mentale à l’aide d’autoévaluations gratuites.

Signes courants d’anxiété :

  • Inquiétude excessive
  • Difficulté à se concentrer
  • Perte de confiance en soi
  • Perturbation du sommeil
  • Irritabilité
  • Évitement
  • Agitation

Signes courants de dépression :

  • Perte d’intérêt
  • Tristesse fréquente
  • Trouble du sommeil
  • Baisse d’énergie
  • Changement au niveau de l’appétit
  • Difficultés à prendre des décisions
  • Difficultés de mémoire

Déterminer si une personne est en difficulté

Pour déterminer si un collègue, un ami ou un membre de votre famille a besoin d’aide, il faut d’abord être attentif. Si leur comportement change de l’une des manières suivantes, il est peut-être temps d’agir :

  • N’envoie plus de messages textes ou n’appelle plus aussi souvent
  • Consomme plus d’alcool que d’habitude
  • Semble fatigué et distant
  • Mentionne à quel point sa vie est nulle
  • Se sent plus irritable ou en colère

Faire le point avec quelqu’un d’autre

Faire le point avec d’autres hommes est souvent plus facile à dire qu’à faire, car la gent masculine est souvent socialisée à refouler ses émotions. Comme l’explique le Dr Kuhl, « les hommes ont tendance à canaliser tous leurs affects sous forme de colère et d’excitation sexuelle. Ils ressentent souvent de la honte, de la peur et du chagrin. Les hommes sont réticents à l’idée de demander de l’aide. Nous devons créer un espace suffisamment sécuritaire pour leur permettre de faire preuve de vulnérabilité et d’ouverture d’esprit. »Psychologue clinicienne, la Dre Melanie Badali recommande la meilleure façon d’entamer une conversation sur la santé mentale :

  • Préparer le terrain
  • Trouver le bon moment
  • Poser des questions
  • Écouter
  • Penser

Préparer le terrain : Pour avoir une conversation fructueuse, il faut d’abord se renseigner sur les ressources de soutien en matière de santé mentale. Les sites Web du gouvernement, des hôpitaux et des universités constituent également d’excellentes sources d’information. Évitez les blogues personnels ou les sites Web qui vous poussent à acheter quoi que ce soit. Savoir, c’est pouvoir; certaines personnes peuvent avoir besoin d’approfondir leurs connaissances, en plus de recevoir du soutien émotionnel, social ou pratique.

Trouver le bon moment : Trouvez un moment où vous pouvez consacrer toute votre attention à l’autre personne. Choisissez un endroit ou une activité, comme la marche, où la personne est la plus susceptible de se sentir à l’aise, et minimisez les sources de distraction. Mettez votre téléphone en sourdine.

Poser des questions : Les questions ouvertes invitent l’autre personne à raconter son histoire avec ses propres mots. Par exemple : « Comment t’en sors-tu depuis __________ (par exemple, la perte d’un parent, le début d’un projet difficile au travail, la naissance d’un premier enfant, etc.)? »

N’oubliez pas que vous devrez peut-être poser la même question plus d’une fois. « Comment va réellement la vie pour toi? », « Comment est-ce que je peux t’aider à __________? »

Vous pouvez également rappeler à la personne que vous êtes digne de confiance, que vous vous souciez d’elle et que vous tenez à elle, quoi qu’elle dise. En plus de poser des questions ouvertes, vous devez également écouter leur réponse. Dans le même ordre d’idées…

Écouter : L’écoute réflective est une compétence qui permet de créer le lien avec une personne et d’instaurer la confiance. Elle vous permet d’éviter de présumer des besoins d’une personne ou de mal interpréter ce qu’elle vous dit. Vous pouvez, par exemple, utiliser une phrase comme celle-ci : « On dirait que tu… » Dans cet exemple, vous pouvez répéter, reformuler, paraphraser ou réfléchir à un sentiment, selon ce qui vous semble le plus approprié à ce moment-là.

Évitez de donner des conseils, à moins qu’on vous le demande. Il peut être difficile de ne pas proposer de solutions, car vous tenez à la personne et voulez l’aider. Vous pouvez avoir envie de « régler le problème », mais il faut résister à la tentation. Essayez plutôt de considérer cette première discussion comme le fait de semer des graines dans un jardin et d’amorcer le processus.

Réfléchir : Réfléchissez à la façon dont vous souhaiteriez que quelqu’un vous parle si vous aviez des difficultés. Pensez à la personne avec laquelle vous seriez le plus à l’aise pour parler ou pour demander de l’aide. Comment aborde-t-elle une conversation? Que dit-elle? Quels sont les signes non verbaux de la communication qu’elle emploie? Il y a de fortes chances qu’elle exprime de l’empathie et valide vos points forts et les actions positives que vous entreprenez. Elle ne vous blâme probablement pas, ne vous étiquette pas, ne conteste pas vos décisions et ne vous juge pas. Choisissez vos mots avec soin et compassion.

Prochaines étapes

Rappelez-vous qu’en prenant des nouvelles de quelqu’un, vous amorcez le processus qui permet de changer la donne dans sa vie. Dites à cette personne que vous êtes là pour elle, et cherchez de l’aide pour vous-même, si nécessaire.La santé mentale des hommes fait l’objet d’une stigmatisation importante.

Selon le Dr Kuhl, « les gens ont tendance à s’en tenir à ce qu’ils connaissent, et certains hommes refusent de changer ou craignent de le faire. Comment pouvons-nous les aider sans compromettre leurs valeurs fondamentales? Leur dire que l’on tient à eux, les écouter, leur poser des questions et leur suggérer des ressources telles que celles mentionnées ci-dessus, par exemple, sont des formes d’aide que nous pouvons leur apporter. Si nous voulons rendre le monde meilleur, il faut que les choses changent. »

Bouger Au Profit De Votre Santé Mentale

Garez-vous loin, prenez les escaliers et bougez plus en juin pour le Mois de la santé des hommes.

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