Les hommes homosexuels et bisexuels (gais et bis) sont confrontés à un chevauchement de défis uniques en matière de santé façonnés par la stigmatisation sociale, la discrimination et les obstacles systémiques à l’accès aux soins dans notre société.
Ces défis en matière de santé mentale affectent les hommes gais et bis tout au long de leur vie, les exposant à un plus grand risque d’anxiété, de dépression et de différents autres troubles comparativement à la population dans son ensemble.
Les hommes gais et bis sont plus susceptibles de rencontrer des défis en matière de santé mentale
Une étude de 2024 publiée par la Fondation pour la santé des hommes au Canada (FSHC) a découvert que tout comme les hommes plus jeunes et racialisés, les hommes gais et bis ont un risque d’anxiété et de dépression considérablement plus élevé que les hommes hétéros.
Selon l’étude de la FSHC :
- 28 % des hommes gais et bis sont à risque de dépression modérée ou grave, comparativement à seulement 18 % pour l’ensemble de la population masculine.
- 45 % des hommes gais et bis sont à risque d’anxiété modérée ou grave, comparativement à seulement 30 % pour l’ensemble de la population masculine.
Dr Trevor Hart, professeur de psychologie à l’Université métropolitaine de Toronto, étudie la santé des hommes gais depuis des dizaines d’années. Il dirige le centre HOPE pour les minorités sexuelles et de genre, dont la recherche est axée sur les gens vivant avec le VIH ou à risque élevé de le contracter.
Le Dr Hart fait écho aux résultats de l’étude menée par la FSHC lorsqu’il explique : « il existe de nombreux facteurs de stress de la vie uniques aux hommes gais et bis qui s’accumulent, les exposant à un risque plus élevé d’anxiété, de dépression, de problèmes d’image de soi et de troubles alimentaires ».
Discrimination et stress minoritaire
Le stress minoritaire résulte de l’exposition chronique d’un groupe minoritaire aux préjugés et à la discrimination, menant à une intériorisation de leur stigmatisation. Le stress minoritaire contribue à une augmentation des niveaux de stress et à un mauvais état de santé mentale et physique chez les hommes gais et bis.
« Dès leur plus jeune âge, les hommes gais et bis intériorisent les messages négatifs liés à leur sexualité entendus dans l’autobus scolaire, sur le terrain de jeux ou dans leur propre famille, explique le Dr Hart. Cela mène souvent à une intériorisation de l’homophobie et peut forcer les hommes gais et bis à dissimuler, même subtilement, leur identité. »
Le Dr Hart affirme que de nombreux hommes gais et bis ressentent le besoin de cacher leurs démonstrations d’affection, alors que la plupart des hommes hétéros n’hésitent pas à tenir la main de leur partenaire en public.
La situation actuelle au sud de la frontière aggrave le stress minoritaire que connaissent beaucoup de personnes de la communauté LGBTQ+. La réduction récente des dispositions législatives protégeant les personnes queers et trans par l’administration Trump et les débats publics qui l’entourent ont des effets négatifs sur le bien-être et les symptômes de stress et d’anxiété des hommes gais et bis de tous âges.
« La politisation des personnes queers et trans par l’administration Trump ne fait qu’ajouter au traumatisme général et au stress minoritaire vécus par la communauté LGBTQ+, explique le Dr Hart. Veiller à ce que les gouvernements traitent les personnes queers et trans avec un minimum de respect et de dignité ne devrait pas être perçu comme une mesure “woke”. Ça devrait être la norme. »
Comment se manifeste le stress minoritaire chez les hommes gais et bis?
Idées et tentatives de suicide
Les tentatives de suicide sont plus répandues chez les hommes gais et bis. Certaines études montrent que ces derniers sont de deux à quatre fois plus susceptibles de faire une tentative de suicide que l’ensemble de la population masculine.
Troubles liés à la toxicomanie
Les hommes gais et bis sont plus susceptibles de développer des troubles liés à la toxicomanie en raison de la consommation de drogues et d’alcool comme mécanismes de défense contre le stress et la discrimination.
Troubles alimentaires et problèmes d’image corporelle
En raison des pressions de la société et de l’importance accordée à l’apparence physique dans certaines communautés gaies, les hommes gais et bis ont un taux plus élevé de troubles alimentaires et de problèmes d’image corporelle que l’ensemble de la population masculine.
Principaux facteurs ayant un effet sur la santé des hommes gais et bis
Rejet de la famille et manque de soutien
Le rejet de la famille et le manque de soutien social peuvent contribuer aux sentiments d’isolement, de honte et de dépression.
Affirmation de l’identité
Le processus d’affirmation de l’identité peut être stressant et difficile d’un point de vue émotif, entraînant possiblement de l’anxiété, de la dépression et d’autres problèmes de santé mentale.
Traumatisme
Les expériences de discrimination, de violence et d’intimidation peuvent mener à des traumatismes et à des problèmes de santé mentale qui y sont associés, comme le TSPT.
Intériorisation de l’homophobie
L’homophobie intériorisée, c’est-à-dire l’intériorisation des attitudes sociétales négatives à l’égard des personnes LGBTQ+, peut mener à une faible estime de soi, à une haine de soi et à d’autres problèmes de santé mentale.
Solitude
Des études montrent des taux de solitude plus élevés chez les hommes gais et bis que chez les hommes hétéros. Cette solitude peut mener à la dépression, à l’anxiété et aux pensées suicidaires.
Masculinité toxique
Les attentes sociétales selon lesquelles les hommes doivent être forts, non émotifs et dominants peuvent faire en sorte que les hommes gais et bis répriment leurs émotions et la volonté de trouver de l’aide pour leurs problèmes de santé mentale.
Obstacles aux soins en santé mentale
Le manque de soutien global et d’accès aux soins destinés aux personnes LGBTQ+ peut représenter un obstacle pour les hommes gais et bis qui cherchent l’aide dont ils ont besoin pour résoudre des problèmes de santé se chevauchant.
Trois façons d’aborder les défis en matière de santé rencontrés par les hommes gais et bis
1. Trouver une thérapie et du soutien émotionnel auprès de professionnels de la santé spécialisés en santé mentale des personnes LGBTQ+.
2. Trouver du soutien dans des groupes, des événements ou des espaces en ligne de la communauté LGBTQ+.
3. Renforcer la résilience et l’image positive de soi en s’informant et en créant des liens avec d’autres hommes gais et bis et des alliés hétéros.
Comment être un allié
Selon le Dr Hart, les hommes hétéros peuvent faire de nombreux gestes simples pour soutenir leurs pairs, leurs amis et leurs proches gais et bis :
- Renseignez-vous et sensibilisez les gens aux défis en matière de santé mentale rencontrés par les hommes gais et bis.
- Traitez les hommes gais et bis comme des égaux à tous les égards.
- Évitez les questions invasives liées aux préférences sexuelles des hommes gais et bis.
- Évitez d’utiliser des expressions ou des termes péjoratifs comme « fif » ou « c’est tellement gai ».
- Ne tenez pas pour acquis que tous vos pairs et vos amis s’identifient comme étant hétéros.
- Évitez de stéréotyper les hommes gais et bis.
« Les hommes gais et bis veulent simplement être traités avec respect par leurs pairs hétéros, être traités comme tout le monde, explique le Dr Hart. De jeunes patients me disent tellement souvent que le mot “gai” continue d’être utilisé comme une insulte fourre-tout, ce qui a de véritables répercussions sur la santé mentale des hommes gais et bis pendant leurs années formatrices. »
Si vous éprouvez des problèmes de santé mentale en tant qu’homme gai ou bis, sachez que vous n’êtes pas seul. Consultez les sites Web de ces organismes pour obtenir des ressources utiles et du soutien :
- Santé arc en ciel Ontario (SAO)
- It Gets Better Canada
- PFLAG Canada
- Interligne
- Rainbow Resource Centre
- Tel-Jeune
- AlterHéros
- Projet 10
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